Le 14 octobre, le Journal de Montréal et Radio-Canada publiaient des articles sur la recrudescence des troubles alimentaires graves nécessitant une hospitalisation.
Les médecins cités identifient le confinement du printemps dernier comme une des causes du hausse des cas d’hospitalisation.
Encore et toujours la pandémie…
Une diminution du réseau social, une exposition plus importante aux médias ainsi qu’un discours axé sur la santé ont certainement eu de l’influence sur les jeunes. La vague de discours grossophobes ayant émergée pendant la pandémie a également fait son effet.
De plus, l’isolement a provoqué un repli sur soi chez beaucoup de gens. Cette période en a mené plusieurs a décidé de modifier (pas toujours consciemment) leurs habitudes de vie, souvent pour calmer certaines formes d’anxiété. On connait les effets du stress sur le corps (dont la prise de poids) et le sentiment généré par les étalages vides dans les épiceries au printemps n’est pas sans avoir eu son impact. La (sensation de) privation mène souvent à la surconsommation de nourriture .
Oui, c’est grossophobe…
Toutefois il semble pertinent de le rappeler que les troubles alimentaires sont profondément ancrés dans la grossophobie. Cette peur du corps gros n’est pas forcément consciente, mais passe par une faible estime de soi et une vision déformée de son corps. C’est d’autant plus renforcé par le discours ouvertement grossophobe du milieu médical (et populaire) et les risques liés au COVID-19.
Troubles invisibles
Ce discours médical a également pour conséquence le sous-diagnostic des troubles alimentaires chez les personnes considérées grosses. Par exemple, si une jeune femme mince perdait 20% de son poids, son entourage en serait fort inquiet. Mais il n’est pas rare de constater que lorsqu’une personne grosse perd 20% de son poids, elle en est célébrée. Parce qu’elle « prend soin de sa santé ». Les conséquences négatives potentielles des troubles alimentaires (ex. la malnutrition, les carences, l’altération des signes vitaux) se produisent aussi dans le cas d’une personnes plus grosses. De plus, ces dernières consultent moins, sont moins prises au sérieux et vivent plus de violences médicales.
Cette recrudescence des troubles alimentaires chez les jeunes est très inquiétante. Parce que c’est possiblement la pointe d’un iceberg beaucoup plus important. Car les troubles alimentaires sont non seulement stigmatisés, ils sont nourris par la culture de la diète dans laquelle nous vivons. Et qu’en période de reconfinement partiel, tout porte à croire que les discours grossophobes – et leurs dommages – pourraient revenir en force…
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