Le service de diffusion en ligne Vrai a lancé ses activités l’automne dernier. L’une des premières séries à faire parler d’elle était la série documentaire J’t’aime gros, portant sur la grossophobie et animée par l’humoriste Christine Morency et la chanteuse et comédienne Mélissa Bédard. (P.S. : C’est une excellente série, et je ne dis pas ça parce que j’en fais partie, haha !)
Une abonnée de nos réseaux sociaux m’a récemment partagé la bande annonce d’une nouvelle série de Vrai intitulée… Le poids de l’amour. Adaptée d’un concept danois, la série suit trois couples québécois dans leur quête… de minceur.
Du (mauvais) réchauffé
La bande annonce a tout de ces séries américaines qui choquent et cumulent les cotes d’écoutes… Des personnes grosses qui mangent des chips et boivent du jus ou des boissons gazeuses. Qui suent en faisant le moindre effort physique. (Quand ils n’échouent pas lamentablement.) De la honte et des larmes. Des pieds sur une balance. Du gras corporel exposé et couvert d’électrodes. Et tellement d’amertume de la part des participant(e)s qui regardent des photos d’avant, en maillot de bain et plus minces. Qu’ils se trouvaient donc mieux dans ce temps-là…
On se croirait en 2005…
Somme toute : on dirait un genre de Biggest Loser à la sauce extra-sentimentale.
Le poids de… la grossophobie
La bande annonce montre même le conjoint d’un des couples dire espérer se sauver pour sauver la relation et, du même coup, sauver sa conjointe. Est-ce qu’on parle toujours de perte de poids… ? Avec des propos pareils, qu’on dirait qu’on se dirige plutôt vers le don d’organe vital !
En fait, il y a fort à se questionner si la perte de poids et le bris de la sédentarité sont VRAIMENT ce qui sauverait ces couples qui semblent battre de l’aile. Déjà dans la bande annonce, le conjoint d’une participante dit qu’elle travaille beaucoup. Elle questionne, avec un ton un peu abattu, comment elle fera pour faire davantage de place à sa vie personnelle et de couple pour se plier aux exigences de l’émission… Est-ce que ça se pourrait que ce soit le fait qu’elle soit une bourreau de travail, le problème, plutôt que dans son tour de taille ?
Au cours du premier épisode, entendre les participant(e)s évoquer leur poids passé et actuel m’a tellement fait rouler des yeux que j’ai cru qu’ils resteraient coincés quelque part dans leurs orbites. Je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai pesé le poids actuel des participantes féminines ! Alors que pour elles, ce poids relève du cauchemar et leur donne envie de se cacher !
En quoi est-ce que ce genre de messages peut être positif ou inspirant pour un paquet de personnes qui se sentiraient privilégiées de peser 250 lbs ? Y’a de quoi se questionner…
«Les diètes ne fonctionnent pas»
C’est la seule phrase que j’ai entendue dans la bande annonce et le premier épisode qui n’empestait pas la culpabilisation ou la grossophobie. (Je ne m’abonnerai pas pour voir le reste, même pour des raisons éducatives, c’est clair !) Mais j’ai bien peur que ces propos de la nutritionniste se perdent dans le message global de la série…
Dans Le poids de l’amour, on navigue dans la honte de soi, la fétichisation et le freakshow. Encore une fois, on met en vedettes des personnes grosses – et qui se détestent de l’être – à l’épreuve pour le divertissement du grand public.
On est collectivement et clairement dûs pour Le poids de l’amour… de soi.
*Ce billet est possible grâce aux informations fournies par une lectrice à l’affût !*
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