Trop gros(se) pour travailler ?

Le gouvernement québécois a récemment lancé un programme de formation pour préparer une nouvelle cohorte de préposé(e)s aux bénéficiaires, dans le sillage des cruels manques identifiés par la pandémie de la COVID-19.

Il semblerait que des candidat(e)s se sont vu refuser l’accès au programme à cause de leur IMC (indice de masse corporelle). De plus, au moment d’écrire ces lignes, au moins un autre témoignage à cet effet circulait sur Facebook à cet effet.)


Pas dans la Charte ? Pas de chance.

C’est un autre triste rappel que, malheureusement, le poids ou la taille n’est pas un motif de discrimination reconnu par la Charte des droits et libertés de la personne.

Oui, un poids plus élevé peut être un facteur de risques pour le développement de certaines maladies chroniques. Le poids peut placer certaines personnes dans une position «à risque d’être à risque», notamment dans le cas de la COVID-19.
Mais un facteur de risques n’est pas un lien direct, une cause ou un automatisme, faut-il le rappeler.


Des explications douteuses

Selon l’article du Devoir, «Au CIUSSS [Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux] [du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal], on explique que l’obésité morbide, au même titre que le diabète ou d’autres problèmes de santé, met les travailleurs plus à risque de contracter la COVID-19.» 

Techniquement, c’est inexact. Nul besoin d’une formation épidémiologique pour dire que c’est l’exposition au virus qui rend les personnes plus à risque de contracter la maladie. Et toutes et tous les travailleur(euse)s du secteur de la santé – y compris les futur(e)s préposé(e)s de ce programme – sont / seront davantage exposé(e)s. Peu importe leur poids.


La vraie place des facteurs de risques

Les différents facteurs de risques n’entrent en ligne de compte qu’une fois la maladie contractée.  Et ils affectent les chances de développer la forme sévère de la COVID-19.

Aussi, il y a sans doute plusieurs candidat(e)s au programme qui vivent avec différents facteurs de risques «invisibles». En opposition, lorsqu’on est une personne grosse, on ne peut pas vraiment le camoufler…

Toujours dans le Devoir, le porte-parole du CIUSSS justifie cette décision par le fait que le poste de préposé(e) aux bénéficiaires est un emploi «très physique». Or, si ce sont les capacités physiques des candidat(e)s dont on se soucie, pourquoi ne pas instaurer un test d’aptitude physique qui s’appliquerait à l’ensemble des postulant(e)s au programme ? (Certaines personnes seraient peut-être des surprises des résultats…)


Somme toute, une fois de plus, on constate que la grossophobie est un phénomène qui demeure socialement acceptable. Et c’est particulièrement inquiétant lorsqu’on retrouve le phénomène à titre de de critère de sélection d’un programme administré par le gouvernement québécois…


*Merci aux abonné(e)s de notre page Facebook qui nous ont signalé cette situation…*


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À propos de l'auteur(trice)

Edith Bernier

Fondatrice de Grossophobie.ca - Infos & référence, conférencière et consultante, elle lutte activement contre la grossophobie depuis 2017. Elle a écrit sur les préoccupations des femmes taille plus en voyage (sur La Backpackeuse taille plus) pendant 6 ans.

Readers Comments (1)

  1. Encore beaucoup de travail à faire. En effet, c’est socialement accepté la grossophobie. Souvent même par les grosses personnes.

    « Obésité morbide », ce terme me choque terriblement. Et encore plus « obèse morbide ». En effet, a-t-on déjà entendu parler de cancer morbide, de cardiopathie morbide ou encore de diabète morbide ??? Non. Certains en meurent et d’autres pas. Encore un traitement de faveur pour les « grosses personnes », terme factuel que je préfère.

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