La semaine dernière, on a publié une analyse d’une pub des épiciers Maxi (qui a été lancée et retirée le même jour). La raison évoquée par la chaîne sur sa page Facebook pour expliquer le retrait ? Le mécontentement et les critiques des internautes sur le fond grossophobe de la publicité.
À titre de femme grosse, mais aussi à titre de «vulgarisatrice/pédagogue» sur la discrimination et l’inclusion des personnes grosses, c’est difficile de rester de glace devant la chose.
Victoire ?
Parce qu’il y a un an, les choses auraient été toutes autres. Il y a un an, la dénonciation citoyenne de la grossophobie était encore marginale. Le sujet était, au mieux, évoqué par une poignées de blogueuses et de militant(e)s.
Certes, il est encore tôt pour crier «victoire». Car il y avait encore plus de personnes pour critiquer les critiques. Et tout plein d’internautes pour crier à la censure. À la liberté d’expression. À évoquer qu’on ne pouvait plus rien dire.
Il n’en demeure pas moins que ce qu’on a vu la semaine passée, c’est le résultat d’un travail acharné de sensibilisation. Des dizaines de personnes – certaines concernées, d’autres pas – ont vu et reconnu les clichés négatifs associés aux personnes grosses. Et les ont critiqué. Des gens ont dénoncé l’utilisation du fat suit.
Il n’y a pas si longtemps, il y a fort à parier que les critiques auraient été rares chez le grand public. Absentes mêmes.
Maxi, émettrice du message, a admis son erreur et retiré la publicité en question.
… ou match nul ?
La pub originale a été retirée…. pour moins d’une demi-journée. Le temps qu’on ajoute un avis au début. Qu’on la couvre de tomates et qu’on lui bricole un statut Facebook, promettant d’être «un ti-peu» moins niaiseux.
Coup de marketing pour faire durer la discussion ? Désir de ne pas perdre le budget investi dans la création de la publicité ? Désir d’avoir le dernier mot ? Objectif autre ? On ne sait pas le(s) motif(s) derrière le choix final de la compagnie. (On n’aspire pas à les deviner, d’ailleurs.)
Le clash des outrages
Rien qu’on n’a jamais vu. Un débat qui s’est produit à maintes reprises. Un échange qui, s’il manque (souvent) de civilités et de respect, est une bonne nouvelle. Car la faction des outré(e)s par la grossophobie est de plus en plus importante. Et qu’elle se fait entendre.
Bon, le titre était peut-être un peu fort.
On va s’en tenir à deux nuances d’outrage, OK ?
Là où le débat devient malsain, c’est dans les attaques massives et aveugles.
Comme celles dont ANEB Québec a été victime. (L’organisme qui vient en aide aux personnes qui vivent avec des troubles alimentaires et leur entourage, avait dénoncé la publicité sur sa page Facebook.)
Ou encore ce qui semblerait être une attaque informatique contre le site web du Nutritionniste urbain.
Mais aussi comme celles vécues par des simples citoyen(ne)s qui se sont vus ridiculisé(e)s par leur propre famille, ami(e)s et autres réseaux de contacts sur les médias sociaux – pour avoir osé partager du contenu ou évoquer les aspects problématiques de la publicité de Maxi.
Renouvellement de notre mission
En août dernier, llors du lancement de ce site, j’ai exprimé le désir d’en faire une plateforme afin de regrouper informations, références et ressources en un même endroit afin de faciliter le partage de connaissances et la sensibilisation sur la grossophobie. Plus que jamais, cet objectif nous apparaît crucial… mais aussi en voie de réalisation. Puisque, comme mentionné en début de texte, il y a un an, les choses n’auraient sûrement pas tourné de la même façon.
Il n’en tient qu’à nous, personnes grosses et allié(e)s, de poursuivre la sensibilisation et l’éducation sur la grossophobie. À bout de bras. Même si parfois, cela veut dire à bout de souffle.
Note : considérant la violence de certains commentaires sous les publications autour de cette «affaire», nous avons choisi de ne pas inclure de liens directs vers les publications concernées.
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