Grossophobie médicale : conseils et recours

Au cours des dernières semaines, nous avons reçu plusieurs témoignages bouleversants concernant des situations de grossophobie médicale. 

C’est à titre de travailleuse sociale que Catherine Labelle, rédactrice et réviseure pour Grossophobie.ca, prend la plume afin de vous aider à naviguer ces situations complexes. 


Pour les personnes grosses, aller chez le médecin peut être une expérience stressante et traumatisante. Une accumulation d’expériences difficiles peut mener à une personne de repousser une demande de soins, parfois à l’extrême. Être gros(se) n’est pas synonyme d’absence de santé. C’est pourquoi on a cru bon de compiler ces conseils et recours, afin que tout le monde puisse avoir accès à des soins de santé, dans le respect et la dignité.


Avant d’aller chez le médecin.

Faire des recherches

Une personne avertie en vaut deux. Bien sûr, Dr Google n’est pas une source fiable de diagnostic. Toutefois, des recherches peuvent permettre de trouver les mots justes pour exprimer la problématique et permettre d’arriver chez le médecin bien préparé.

Rédiger une liste

Les recherches permettent de mettre de l’ordre dans ses idées. Pour continuer la préparation au rendez-vous, faire une liste des symptômes, préoccupations et questionnements peut être très utile. Le milieu médical peut être déstabilisant, particulièrement auprès d’un fournisseur de soins ayant tenu des propos grossophobes dans le passé. Une liste permet de se préparer mentalement et de prendre le temps chez un médecin qui parfois peut être expéditif. 


Pendant le rendez-vous

Se faire accompagner

Que ce soit un membre de votre famille, un(e) ami(e) ou tout autre personne de confiance, il peut être bénéfique d’avoir une personne pour apporter du soutien. Il est utile que l’accompagnant(e) comprenne bien la situation et les enjeux liés afin de défendre les droits de la personne ciblée, si la situation se présente. Cette personne peut aussi s’assurer que toutes les informations pertinentes soient transmises au médecin. 

Des professionnel(le)s non-réceptif(ve)s ou des propos grossophobes à son endroit peuvent être déstabilisant, surtout dans un milieu non-familier. Un accompagnant(e) est un témoin précieux et un(e) allié(e) important.

Note : un médecin ne peut pas refuser que vous soyez accompagné(e) à un rendez-vous. 

Trouver des allié(e)s dans le milieu

Que ce soit une infirmière, un pharmacien, un médecin spécialiste, une travailleuse sociale ou tout autre professionnel(le) de la santé, créer un lien de confiance avec un(e) intervenant(e) permet d’avoir un soutien supplémentaire et un allié(e) dans la défense de ses droits. Il ne faut hésiter à consulter de nouveau des professionnel(le)s qui ont été réceptif(ve)s et sensibles à votre réalité dans le passé afin d’obtenir les soins nécessaires. 

Poser des questions.

Si les recommandations d’un médecin ou un traitement proposé ne semblent pas appropriés pour la maladie/l’état/le problème rapporté, posez des questions. Demander au médecin si d’autres traitements existent si celui proposé est inadéquat/incohérent. 

Dans certaines situations où la perte de poids est la seule recommandation, il peut être pertinent de demander au médecin quel traitement serait offert à une personne non-grosse qui présenterait les mêmes symptômes ou préoccupations. Quelles autres options peuvent régler le problème ? 

Être gros(se) n’est pas un symptôme, ni une maladie. La perte de poids n’est donc pas un remède. 

Demandez un deuxième avis

Si les conclusions d’un médecin sont insatisfaisantes, il ne faut pas hésiter à aller chercher un deuxième avis. Il est parfois difficile d’avoir accès à des soins de santé et des spécialistes dans le réseau actuel, mais faites-en tout de même la demande.


Après le rendez-vous

Porter plainte

Si les soins reçus sont insatisfaisants (négligence, mauvais traitement, discrimination, etc.) ou que le médecin/professionnel a été inadéquat/négligent à votre égard, il existe des mécanismes en place afin de porter plainte. 

Si le médecin fait partie d’un réseau intégré de services de santé et services sociaux (CLSC, hôpital, groupe de médecin familial – GMF), vous pouvez porter plainte directement au commissaire de la qualité des soins et services. Il y en a dans chaque région administrative. Vous trouverez ses coordonnées sur le site web de votre Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) ou de votre Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS). 

Le Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes peut offrir du soutien et de l’accompagnement pendant tout le processus. Cette ressource communautaire est spécialisée dans la rédaction et l’accompagnement de la plainte auprès du commissaire. Ce service est gratuit.

Il est également possible de porter plainte directement auprès du Collège des médecins. Il est rare qu’un fournisseur de soins ne soit maltraitant qu’envers une seule personne. Défendre les droits de tous commence souvent par soi.

Aller chercher du soutien

Plusieurs organismes communautaires offrent des services spécialisés reliés à certaines maladies. Les services spécifiques de ces organismes peuvent varier, mais ils offrent généralement des services de support psychologique, de défense de droits et possèdent une expertise liée à la situation. 

Il est également possible d’avoir le soutien d’un(e) travailleur(euse) social(e) par l’entremise d’un CLSC ou d’un groupe de médecine familiale et ce, particulièrement si la situation est difficile ou limite l’autonomie d’une personne. Les services psychosociaux sont gratuits et les intervenant(e)s sont présents pour soutenir et accompagner. 

Briser la solitude

Il faut en parler.


D’autres ressources

  • Vos droits en santé :
    Ce site web, développé par la firme
    Ménard, Martin, Avocats, répertorie les informations juridiques lié aux droits de la santé. C’est une mine d’informations gratuites qui peuvent parfois aiguiller les questionnements.
  • La Commission des droits de la personne et de la jeunesse :
    La CDPDJ s’implique dans les cas de discrimination et de violation des droits envers les personnes. Bien que la discrimination envers la taille ne soit pas encore reconnue, une violation des droits en raison d’un manque d’accessibilité, d’une discrimination, d’une situation d’handicap, s’inscrit bien dans leur mandat. Les critères sont disponibles sur leur site web.
  • Le conseil pour la protection des malades :
    Offre des avis juridiques et entame des actions collectives concernant la qualité des soins dans le réseau de la santé et des services sociaux.
  • ANEB Québec :
    ANEB Québec offre des services d’écoute et de support pour les personnes souffrant de troubles alimentaires. Une visite chez le médecin et des discussions autour du poids et de l’alimentation peuvent rappeler des expériences traumatisantes.
  • Info-santé / Info-sociale 811 :
    Pour des questionnements sur un problème de santé physique ou mentale, contacter les infirmières et travailleuses sociales disponibles 24/7 pour offrir du support. 

Cette liste est non-exhaustive et risque d’être bonifiée avec le temps. N’hésitez pas à nous transmettre les ressources manquantes qui ont contribué positivement à vos expériences. 


On remercie sincèrement tous ceux qui nous ont contactés et ont accepté de partager avec nous leurs témoignages courageux.

Parce que ce qu’on fait, c’est aussi pour vous.


 

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À propos de l'auteur(trice)

Catherine Labelle

Catherine Labelle est réviseure et rédactrice adjointe de Grossophobie.ca - Infos & référence. Elle est diplômée en travail social (B.A. - Université McGill) et en traductologie (M.A. - Université Concordia).

Readers Comments (2)

  1. Diane Lesage 09/12/PM @ 20:30

    Très pertinent. Merci.

    Répondre
  2. De l’information sur une maladie génétique, l’insistance sur devoir maintenir un poids «santé». Décourageant: https://muscle.ca/wp-content/uploads/2019/10/DystrophieMusculaireOculopharyngee-F.pdf

    Répondre

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