Hyperhidrose : « T’as donc ben chaud ! »

Avec la récente canicule, le sujet de la transpiration a surgi dans de nombreux échanges, notamment sur les groupes de discussions de personnes grosses. S’il est un truc qui a le potentiel d’être aussi tabou et marginalisé que le fait d’être gros(se), c’est bien celui de vivre avec de la transpiration excessive…


Une affection qui a un nom

Le fait de transpirer excessivement a un nom et un diagnostic. Hyperhidrose. Environ 3% de la population serait affectée. Cela représente près d’un million de Canadiennes et de Canadiens.

L’hyperhidrose affecte la productivité au travail, la confiance, le confort social, le bien-être émotif et les choix d’habillement. Des études démontrent que l’hyperhidrose affecte la qualité de vie de façon similaire ou davantage que d’autres maladies dermatologiques bien connues, comme l’acné grave ou le psoriasis.
Source : Association canadienne de dermatologie

Focale vs. généralisée

Il existe 2 formes principales de transpiration excessive.

L’hyperhidrose focale (ou « primaire ») se concentre généralement sur une partie / zone du corps : aisselles, cuir chevelu/visage, mains ou pieds, par exemple.

L’hyperhidrose généralisée (ou « secondaire ») est généralement un symptôme originant de différentes cause. Le fait d’être une personne grosse, la présence de problèmes endocriniens, la ménopause ou la prise de certains médicaments sont quelques unes des raisons qui expliquent cette forme de transpiration excessive qui s’étend à l’ensemble/des grandes zones du corps.


Des traitements… plus ou moins accessibles 

L’Association canadienne de dermatologie présente l’hyperhidrose comme une affection traitable. Il faut cependant prendre cette affirmation avec quelques bémols. Les différents traitements ne sont pas tous accessibles ou souhaitables pour tout le monde.

Antisudorifiques topiques

Le traitement le plus accessible – l’utilisation de différents antisudorifiques en application sur les zones à traiter – peut s’avérer coûteux, vu le prix des produits. Les antisudorifiques en application topique (i.e. à appliquer sur la zone « problématique ») sont aussi difficiles à trouver en pharmacie en plus d’avoir des niveaux d’efficacités variables. Dans plusieurs cas, ils peuvent êtres irritants pour les peaux plus sensibles.

Cette méthode semble, à ce jour, la seule qui puisse être utilisée pour traiter l’hyperhidrose de la tête et/ou du visage.

Autres traitements

Parmi les autres traitements proposés pour l’hyperhidrose, on retrouve l’iontophorèse (transmission d’électricité de faible intensité – uniquement pour les mains et les pieds) et les injections de Botox (surtout pour les aisselles). Dans les deux cas, il s’agit de traitements dont les prix peuvent être prohibitifs, car ils ne sont pas automatiquement couverts par les régimes privés ou publics d’assurance-maladie.

Pour ce qui est de l’option chirurgicale, qui consiste à sectionner certains nerfs et/ou retirer des glandes sudoripares, elle n’est indiquée qu’en dernier recours. Elle peut causer un « déplacement » du problème par compensation, soit une transpiration augmentée ailleurs sur le corps. Ce traitement est aussi limité à la transpiration des aisselles, des pieds et des mains.


2 pour 1 sur la stigmatisation

La double stigmatisation liée au poids et à la transpiration excessive peut être un frein important à la consultation. (Et pas seulement pour l’hyperhidrose mais aussi pour d’autres affections.) Comme il y aurait des liens entre le poids et l’hyperhidrose généralisée/secondaire, il y a aussi matière à craindre la grossophobie médicale encore plus…

Des conséquences bien réelles

Vivre avec l’hyperhidrose peut avoir de multiples conséquences et affecter de nombreuses facettes de la vie des personnes touchées Le choix des vêtements, le port de maquillage, la pratique de certaines activités physiques et la participation à des activités sociales peuvent tous être modifiés – ou empêchés – par le fait de transpirer excessivement.

Avoir l’hyperhidrose semble être encore plus éprouvant lorsqu’on est une personne grosse. Cela contribue à renforcer différents clichés grossophobes, notamment ceux à l’effet que les personnes grosses ont une moins bonne / mauvaise hygiène corporelle…


Quelques pistes de solutions

S’il est difficile d’arrêter la transpiration, on peut cependant tenter d’en réduire les effets. Voici quelques suggestions :

  • porter une « doublure » de soutien-gorge pour la transpiration (absorbe la moiteur et limite l’irritation) ;
  • utiliser certains produits domestiques pour absorber la moiteur (e.g. amidon de maïs) ou les odeurs dans les vêtements / chaussures (e.g. bicarbonate de soude) ;
  • privilégier des vêtements en fibres connues pour leurs propriétés anti-odeur (e.g. chaussettes de bambou, laine Merino) ;
  • transporter une petite serviette / débarbouillette pour éponger la transpiration excessive du visage.

Si cela peut être un défi, il demeure pertinent de sensibiliser son entourage à l’hyperhidrose. Le stress est connu pour causer la transpiration. Et rien n’est plus stressant que de se faire répéter pour la énième fois « T’as donc ben chaud ! ».


Note : Il est important de consulter un(e) professionnel(le) de la santé pour l’obtention d’un diagnostic ainsi que pour l’obtention et l’évaluation des traitements appropriés.


 

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À propos de l'auteur(trice)

Edith Bernier

Fondatrice de Grossophobie.ca - Infos & référence, conférencière et consultante, elle lutte activement contre la grossophobie depuis 2017. Elle a écrit sur les préoccupations des femmes taille plus en voyage (sur La Backpackeuse taille plus) pendant 6 ans.

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