Respecter son « avant »

Ah, les fameux « avant / après » !

Cette représentation visuelle (souvent en photo ou vidéo) d’une personne avant un processus de perte de poids et après celui-ci. (Il peut s’agir de perte de poids par la diète, l’exercice ou d’autres méthodes…)

Beaucoup en tirent une grande fierté. (Ce qui est problématique en soi…) L’autre problème, c’est quand on se met à taper sur « son avant ». Un « avant » qui, faut-il le rappeler, est la même personne…


L’objectif de la rubrique Sauf que… ? Faire des études de cas de situations réelles et émanant de la culture populaire qui peuvent envoyer des messages nocifs et stigmatisants sur les personnes grosses. Ces études de cas expliqueront et décortiqueront ces messages et expliqueront en quoi ils sont grossophobes.

Le but n’est pas de faire le procès ou de créer un boycott des personnalités, entreprises ou projets étudiés.

Cet exercice est mené afin de démontrer en quoi une intention noble n’est pas toujours suffisante pour éviter les pièges de la grossophobie « socialement acceptable » et de ses messages toxiques, non seulement pour les personnes grosses, mais pour l’ensemble de la population.


L’avant-après est régulièrement repris dans les magazines, les émissions de télé et les médias sociaux pour illustrer différentes « victoires » corporelles. (« Victoires » dans une perspective de culte de la minceur et de la diète. Pas dans une perspective de diversité corporelle.) On s’en sert aussi pour vendre de nombreux régimes, produits et méthodes de pertes de poids…

Le processus prend différentes formes. Il peut s’agir d’une comparaison de photos avant/après la perte de poids. Ou encore de remettre ses vêtements pré-perte de poids, devenus grotesquement grands. Souvent, le processus s’accompagnera de surprises, de moqueries, de blagues et de jugement divers.


Sauf que…

… cet « avant » dont on ricane et se moque, il se peut fort bien qu’il s’agisse… de soi-même. Un soi-même qui a peut-être été malade. Qui a souffert, pour diverses raisons. Qui a vécu – ou pas – des difficultés dont le poids est un symptôme.

Rire et juger son « avant », c’est rire et juger de la personne qui a rendu possible ce si grand changement dont plusieurs sont pourtant si fiers. Sans le « avant », il n’y a pas « d’après ». Tout changement doit commencer quelque part.

La perte de poids est un processus personnel et individuel qui est le résultat de diverses raisons. (Plus souvent qu’autrement, le culte de la minceur et/ou culture de la diète en sont – au moins partiellement – responsables.)

Et cet « après » dont plusieurs sont si fier(e)s ? Il n’a été rendu possible qu’en la présence de leur « avant ». Cet « avant » qui pourrait très bien revenir à la charge d’ailleurs, vu le taux d’insuccès extrêmement élevé des diètes. (Autour de 90%, selon l’Association pour la santé publique du Québec.) Se jugerait-on aussi durement si on réalisait que les chances de ne pas reprendre de poids sont d’environ 10% au bout de 5 ans ?


Somme toute…

Peu importe le poids perdu, c’est la même personne qui reste à l’intérieur, après tout. Juger négativement qui on était avant, simplement parce qu’on était plus gros(se), relève de la grossophobie. Car assigner une plus grande valeur à une même personne sur la base de son tour de taille, c’est aussi considérer qu’il serait acceptale de la discriminer sur la base de son poids.

Si l’on insiste pour être fier(e) de sa perte de poids, ce serait au moins important de le faire en respectant qui l’on était. Sans railler son « avant » au profit de son « après.

En dehors du poids qui a changé, c’est la même personne qui est à l’intérieur, après tout…


 

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À propos de l'auteur(trice)

Edith Bernier

Fondatrice de Grossophobie.ca - Infos & référence, conférencière et consultante, elle lutte activement contre la grossophobie depuis 2017. Elle a écrit sur les préoccupations des femmes taille plus en voyage (sur La Backpackeuse taille plus) pendant 6 ans.

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