Ceci est un “brave space”.

Depuis quelques années, la notion de safe space est omniprésente au cœur des communautés discriminées et marginalisées. Une nouvelle tendance émerge cependant : le brave space.

Qu’on ne se méprenne pas : les safe spaces demeurent essentiels. Ces lieux d’échanges et de paroles où règnent un certain consensus permettent de se retrouver entre personnes partageant et/ou des opinions semblables. Mais surtout, les safe spaces offrent des endroits où on peut prendre une pause. Une sorte de retraite temporaire virtuelle de la discrimination, du rejet, voire des menaces contribuant à la marginalisation à l’égard, dans notre cas, des personnes grosses.

Grossophobie.ca se veut un espace sécuritaire, un lieu de retraite, comme celui-là. Mais pas uniquement…


C’est quoi, un brave space ?

(Note : il s’agit de mon « interprétation maison » et il est fort possible qu’elle ne soit pas parfaite…)

Il s’agit de lieux d’échanges qui ne sont pas limités aux personnes vivant une réalité précise mais aussi aux personnes qui s’y intéressent. (Qui s’y intéressent de façon saine et de bonne foi, entendons-nous). Différent du safe space, le brave space peut engendrer des discussions plus « animées ». Mais dans tous les cas, celles-ci se doivent de rester dans le respect. Quelques règles de base1 :

  • Respect, respect, respect !
  • Ne pas laisser de place aux attaques
  • Assumer et reconnaître ses opinions et biais ainsi que les impacts de ses propos
  • Choisir individuellement de contester des propos tenus (et de se retirer d’un échange si on le désire)
  • Reconnaître la divergence d’opinion et le faire de façon courtoise

Les brave spaces font aussi une belle place à l’intersectionnalité 2, soit le croisement et le cumul des différentes oppressions vécues par les personnes. (Il est souvent hallucinant de constater les nombreuses similarités entre les enjeux vécus par différents groupes marginalisés…)


Pourquoi le brave space ?

Parce qu’il s’aligne complètement avec les valeurs du site. Les brave spaces ne se limitent pas uniquement aux personnes concernées; ils sont aussi ouverts aux personnes alliées, sensibles, sainement curieuses et/ou désireuses d’en savoir davantage sur une réalité ou, dans notre cas, une discrimination vécue.

Comme le site et ses services se veulent des outils d’apprentissage et de sensibilisation, il semble crucial de ne pas limiter aux personnes maîtrisant déjà les notions et termes liés à la grossophobie.

En s’ouvrant aux non initié(e)s, le risque d’erreurs de bonne foi, de propos pouvant être jugés blessants (mais ne se voulant pas ainsi) et d’autres frictions similaires augmente significativement. Il n’existe à peu près pas d’espaces québécois francophones qui se veulent des lieux d’apprentissages et de cheminement qui commencent au tout départ… Et ça en prend (au moins un). Avec des gens qui sont prêts à s’y risquer. Comme pédagogues ou comme novices sur la question de la grossophobie.


« Pas de questions niaiseuses »

Si les militant(e)s n’ont pas la responsabilité d’éduquer, il doit y avoir un endroit où l’information existe. Et des forums doivent se créer pour questionner de bonne foi… même si cela pourrait s’avérer manquer de délicatesse. Ou insensible même, aux yeux de certain(e)s.

C’est d’ailleurs ce sentiment qui a guidé la création de deux de nos outils de référence, soit les questions et réponses sur la grossophobie et le rôle des allié(e)s.

Ça prend quelque part pour commencer son cheminement sur la grossophobie. Et ce quelque part peut exister, dans la mesure où la personne qui questionne et la (les) personne(s) qui répondent le font dans le respect et l’ouverture.

La saine curiosité, la bonne foi et le désir de mieux comprendre, ça mérite des réponses. Tout simplement.


Grand merci à la podcasteuse et reine du web Annie Picard qui m’a fait connaître cette fantastique expression de « brave space ». Son podcast La ligne diagonale (où j’ai eu la chance d’être interviewée!), en est un bel exemple !

----------------------

  1. Plus d’infos sur ce sujet ici (en anglais seul.)
  2. Cumul de différentes formes de domination ou de discrimination vécues par une personne, fondées notamment sur sa race, son sexe, son âge, sa religion, son orientation sexuelle, sa classe sociale ou ses capacités physiques, qui entraîne une augmentation des préjudices subis.  (Source)
Partagez !
À propos de l'auteur(trice)

Edith Bernier

Fondatrice de Grossophobie.ca - Infos & référence, conférencière et consultante, elle lutte activement contre la grossophobie depuis 2017. Elle a écrit sur les préoccupations des femmes taille plus en voyage (sur La Backpackeuse taille plus) pendant 6 ans.

Readers Comments (1)

  1. Veronique Gilbert Dion 11/06/AM @ 09:26

    Merci ! Je connaissais pas ce terme « brave Space » merci beaucoup pour l’info ! Moi aussi j’aimerai bien faire comme toi ,millité pour la cause ,tu es admirable Edith ,je suis une femme de 39 ans ,dans le +200 livres et pas grande en plus et je suis marginalisée,ignoré (malgré ma présence qui est dur à manquer sté) Et j’aurai aimé dénoncer moi aussi ce type de comportement contre nous …autant parler quand on rencontre notre médecin et qui pense que l’on ment toujours et parler même des gens qui nous applaudissent quand on monte les escaliers …misère j’en aurai long à écrire mais tu comprends ce que je veux donner comme exemple,c’est pas croyable comme les gens nous perçoivent a bien des égards …et qu’est-ce que je me fait dire « c’est dans ta tête ça ,le monde ne se moquent pas de toi c’est ta perception des choses » umm combien de fois je me suis fait dire ça !? ….trop souvent… en tout les cas merci encore pour ce post ,

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée ou partagée.


*