Guide de survie des fêtes

Les fêtes arrivent à grands pas. Certain(e)s ont déjà eu leur party annuel au travail. D’autres ont décoré leur sapin.

Une chose est sûre, la période des fêtes peut générer sa dose d’anxiété et d’appréhension pour plusieurs.

Des réunions avec des membres de la famille éloignée à l’abondance de nourriture, en passant par les souvenirs bons et moins bons, voici un guide pour survivre aux fêtes, pour préserver sa santé mentale, et surtout, pour en conserver la joie.


Bien choisir ses activités

On a tous que 24h dans une journée. Les heures semblent passer encore plus vite entre le 20 décembre et le 2 janvier. Alors que certain(e)s le passent à la course, il est important de bien choisir comment diviser son temps afin d’arriver en 2020 sans trop d’essoufflement. Si certaines personnes nous donnent de l’énergie, d’autres peuvent nous la saper d’un coup. Un membre de la famille ou un proche ayant une attitude grossophobe peut avoir un impact qui dure bien au-delà du 1er janvier…

Bien choisir les personnes qui méritent notre énergie est non seulement bénéfique pour notre santé mentale, ça favorise le bien-être. Se traîner les pieds avant un événement ou ressentir des sentiments négatifs à son approche sont souvent des signes qu’elle n’est peut-être pas enrichissante. Faites-vous plaisir et entourez-vous d’amour.


Les fameuses obligations familiales…

Y aller ou non, c’est un choix. (Parfois difficile.) La beauté de l’âge adulte, c’est aussi d’avoir le pouvoir de choisir avec qui on souhaite passer du temps. Les obligations familiales demeurent des choix et parfois, il faut les faire en fonction de son état de santé mentale et physique.

Rien n’oblige personne à passer du temps avec des personnes qui ne les apprécient pas ou qui leur font du mal.

Au-delà des conséquences d’être absent(e)… quelles seraient les conséquences d’y aller ? Se choisir, c’est aussi ça prendre soin de soi pendant les fêtes. Ne pas succomber aux pressions, chantages et manipulations permet d’apprécier davantage ce moment d’arrêt et cette opportunité de « redémarrage ».

Pour certaines « obligations », prévoir une autre activité plaisante après –  ou avant ! – peut réduire la lourdeur de la tâche… et donner une bonne excuse pour quitter plus tôt !


L’abondance, l’abondance, l’abondance…

Pour certain(e)s, l’approche des buffets et des grandes bouffes peut générer beaucoup d’anxiété. Au-delà de sa propre relation avec la nourriture, les habitudes/comportements alimentaires viennent souvent de l’environnement dans lequel on a grandi. La perception et le jugement des autres face à la nourriture peuvent s’avérer très difficile à gérer pour une personne grosse. Sans oublier l’inévitable discussion sur la perte de poids et autres résolutions grossophobes du nouvel an pour « brûler les calories » des fêtes.

L’autodérision peut parfois sembler une bonne stratégie pour dévier les conversations blessantes, mais elle peut aussi se retourner contre soi. Plutôt que de risquer de se blesser, établir des limites claires avec son entourage est aussi efficace. Les commentaires des autres sont souvent des reflets de leur propre relation avec la nourriture et leur corps. Sans tomber dans la confrontation, s’affirmer peut être une expérience très enrichissante.

Par exemple :

Tu te reprends une deuxième assiette ?
– Je mange à ma faim.

As tu perdu/pris du poids ?
– Merci de te préoccuper de ma santé, je vais bien.

Ah ! J’aimerais bien moi aussi, mais je peux pas prendre une deuxième assiette/part de gâteau
– « Tes choix alimentaires ne sont pas les miens. » (ou encore)
– « Si tu choisis de te priver, c’est ta décision. » (ou)
– « Dommage, c’est très bon ! »

Le choix de manger, ou de ne pas le faire, dans des activités sociales ne regarde que soi. Si manger devant les autres est trop difficile, on peut prendre un bon repas avant ou encore, ne venir que pour la soirée. Chacun(e) est l’expert(e) de son corps et de ses besoins.


Gérer les commentaires grossophobes

Au-delà des commentaires sur la nourriture, les personnes grosses reçoivent une pléthore de commentaires négatives envers elles et les personnes grosses en général. Alors qu’il est tentant de s’emporter, de pointer du doigt ou encore de confronter son entourage, garder son calme permet de mieux se faire entendre. Il est également important de se rappeler que les commentaires grossophobes des autres sont plus le reflet d’eux-mêmes, même s’ils sont dirigés vers l’autre. Il reste que c’est très désagréable d’être la cible de ce genre de comportements / commentaires. Quoi faire dans ce genre de situations ?

  • Le nommer : « Quand vous parlez de X… ça me blesse, c’est peut-être pas conscient, mais j’aimerais que vous fassiez plus attention. »
  • Informer : Des proches se questionnent sur la grossophobie, ou sont réceptif(ve)s à cette réalité ? Parlez-en ouvertement, ou bien orientez-les vers notre page à ce sujet.
  • Recadrer : « J’aimerais qu’on change de sujet. », « Je ne souhaite pas en parler. »
    Mettre des limites claires avec ses proches leur permet de comprendre clairement où on se situe et évite les sujets qui rendent inconfortables. Ça peut sembler difficile, mais au final tout le monde en est gagnant.
  • Quitter : Parfois la meilleure solution est de partir, soit de la discussion ou de l’activité. Si l’entourage d’une personne ne veut pas faire d’efforts pour respecter l’un(e) d’entre eux, c’est réciproque. C’est malheureux, mais ça arrive.

Les ami(e)s, la famille et les proches n’ont pas toujours conscience de l’impact de leurs paroles. Il est également prudent de ne pas supposer de leurs intentions. On peut poser des questions et valider ses impressions. Personne n’a de boule de cristal pour deviner les sentiments des autres. Cela empêchera bien des mésententes et des tensions qui pourraient durer longtemps.


Bien dans sa peau, bien dans sa tête

Être dans un environnement hostile peut aussi raviver des traumatismes. Le stress des fêtes est propice à une recrudescence de troubles alimentaires ou des maladies mentales. Prendre soin de soi, par des moments de solitude ou des pauses par exemple, est essentiel. Si la situation devient trop difficile, il ne faut pas hésiter à aller chercher du soutien auprès d’un(e) ami(e), d’un(e) professionnnel(le) ou de toute autre personne en mesure d’aider. L’essentiel est de prioriser ses besoins et de se faire du bien, de se faire plaisir en premier.

Parce qu’après tout, personne ne devrait être triste à Noël.

Même si ça veut dire ne pas souligner les fêtes… si c’est ce dont on a besoin.


Finalement… la compassion !

D’abord envers soi-même, ensuite envers les autres. Aucun entourage n’est parfait et les choses changent parfois lentement. Mais personne n’a le devoir de justifier son existence ou son droit au respect.

Avoir de la compassion et de l’amour pour soi est souvent le premier pas vers le bien-être. C’est vraiment le plus beau cadeau à se faire en cette période festive.  S’aimer, être fier(e) de soi et de ses accomplissements. Prendre une pause de la frénésie de la vie. Et souffler un bon coup.

L’équipe de Grossophobie.ca – Infos & référence vous souhaite le bien-être, de la bientraitance et surtout de la compassion en cette période des fêtes.


 

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À propos de l'auteur(trice)

Catherine Labelle

Catherine Labelle est réviseure et rédactrice adjointe de Grossophobie.ca - Infos & référence. Elle est diplômée en travail social (B.A. - Université McGill) et en traductologie (M.A. - Université Concordia).

Readers Comments (1)

  1. Diane Lesage 11/12/PM @ 15:30

    La grossophobie qui désigne d’abord la discrimination systémique dont sont victimes les personnes que l’on désigne grosses, contient aussi sont lot de peurs comme l’indique sa dénomination. La grosse, le gros dérangent. La personne de poids élevé est dans nos sociétés celle à qui on ne veut surtout pas ressembler. Est visiblement inscrite dans sa chair une différence qui provoque, qui trouble. « Regarde ce qui t’attend si tu te laisses aller. » « Tous ces gros qui nous entourent, si nous ne réagissons pas notre descendance sera contaminée par cette énormité. » Ces pensées issues d’un lavage de cerveau organisé (et le monde médical n’est pas en reste à cet égard) décrète que le poids élevé est la résultante de la paresse et du manque de contrôle alimentaire. Cette conception mécaniste du corps humain, mangez moins et bougez plus et vous serez de poids santé est fausse et simpliste. Il y aura toujours des gens de tous les formats dans l’humanité. La nature fait bien ce qu’elle a à faire à condition qu’on ne la dérègle pas.
    Hélàs, de plus en plus d’espèces vivantes sont mises en danger par le modèle de développement économique actuel de nos sociétés. Il en va de même pour les êtres humains. Dans un contexte de surproduction, de mal-production et de surconsommation l’offre alimentaire obésogène est omniprésente. Ceci est particulièrement dramatique pour les personnes naturellement prédisposées aux rondeurs.
    La figure projetée de l’obèse qui fait peur, qu’on isole reflète à la société occidentale une des preuves de sa démesure. Les personnes grosses seraient-elles les boucs émissaires d’une civilisation qui prend conscience de l’ultime urgence de décroître, de dépolluer de moins consommer? Cette triste situation doit amener une revision de nos choix collectifs. Il est temps que les acteurs du monde médical, qui ont une énorme influence sur les perceptions des gens, revisent leurs messages et contribuent à redéfinir les notions de santé et de normalité en lien avec le poids. Il importe aussi que nos gouvernements réglementent les pratiques agroalimentaires pour offrir à tous une alimentation saine, variée au moyen un modèle d’agriculture plus locale et durable.
    Je suis convaincue que l’on doit aussi se pencher sur les facteurs sociologiques pour contrer le phénomène de la grossophobie.

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