L’académie américaine de pédiatrie (American Academy of Pediatrics – AAP) a fait une annonce en grande pompe la semaine dernière. Sa teneur ? Le fait que l’organisation encourage désormais un meilleur accès à la chirurgie bariatrique. Pour les adolescent(e)s.
Un libre choix, vraiment ?
Aux États-Unis, l’âge de consentement médical varie. Dans le cas de la majorité des interventions médicales non-urgentes, il est fixé à… 18 ans. (Les exceptions tournent généralement autour des soins de santé d’urgence, de la santé sexuelle / reproductive ou de la recherche de traitements afin de soigner une dépendance.)
Qu’adviendrait-t-il des ados plus vulnérables ? Celles/ceux dont les parents sont un peu trop… «perfectionnistes» ? «Influençables» ? «Ambitieux» ? C’est d’ailleurs une problématique qui avait aussi été soulevée lorsqu’on avait abordé dans un billet sur l’appli Kurbo de WW…
Est-ce mentir de ne pas tout dire ?
L’AAP aborde à plusieurs reprises les «risques» de «rester gros(se)». Dans les deux rapports joints au communiqué (ici et ici), on présente la dérivation gastrique de Roux-en-Y comme «the gold standard for the surgical management of severe obesity in adults and adolescents» («une référence dans la gestion chirurgicale de l’obésité sévère chez les adultes et adolescents» – trad. libre).
L’Académie n’aborde cependant que très vaguement les risques liés à cette variante de la chirurgie et à ses conséquences…
Les risques…
«[…] La dérivation Roux-en-Y est associée à un risque augmenté d’abus d’alcool […]» (source)
«Subir une dérivation Roux-en-Y, versus une la gastroplastie par anneau gastrique modulable, est associé avec le double des risques de symptômes associé à un trouble lié à l’usage d’alcool. 1/5 des participants ont déclaré des occurrences de symptômes de troubles liés à l’usage d’alcool dans les 5 années suivant la RYGB.» (source)
«Les tentatives de suicides sont augmentées significativement après la dérivation Roux-en-Y. […] Les patient(e)s ayant subi cette chirurgie présentent un risque augmenté de se voir diagnostiquer un trouble lié à l’usage d’alcool ou à l’usage de drogue(s), ainsi qu’un taux de tentatives de suicides plus élevé, en comparaison avec la population non-obèse.» (source)
Un peu de perspective, SVP ?
Présentant «l’obésité sévère» (un IMC 120% au-dessus du 95e percentile pour l’âge et le sexe) comme «une épidémie dans l’épidémie» (“an epidemic within an epidemic”), on présente des chiffres qui combinent à la fois les enfants (non-éligibles à la chirurgie) et les adolescent(e)s.
Sauf que les 4,5 millions (d’enfants ET d’ados) mentionnés sur l’ensemble de la population américaine (environ 329,9 millions) reviennent à environ… 1,3 %.
En comparaison :
- 32 % des ados (13-18 ans) américains souffriraient de trouble de l’anxiété
- 13 % des ados (12-17 ans) américains souffriraient de dépression
- Presque 3 % des ados (13-18 ans) souffriraient de trouble(s) alimentaire(s)
(Source)
Alors l’AAP… il faudrait peut-être revoir certaines priorités… ?
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