Passé une certaine taille, les corps plus gros laissent peu de personnes indifférentes. (Grosses personnes incluses.)
Consciemment ou non, la vision d’une personne au poids qu’on devine élevé tend à causer des questionnements chez les gens qui la voient.
Consciemment ou non, c’est comme s’il FALLAIT savoir pourquoi. Pourquoi cette personne est comme ça ? Est-elle malade ? Négligente ? Est-ce de sa faute ? Est-ce qu’elle mérite le respect ou pas ?
Il s’agit possiblement d’une conséquence de la «pathologisation» et de la «médicalisation» du poids élevé. Ce processus s’est fait à grands coups de termes médicaux qui font désormais partie du langage populaire. La majorité de la population connaît les termes médicaux liés au poids élevé : obésité, poids-santé, surpoids, etc.
Cela expliquerait-il aussi pourquoi autant de personnes deviennent des pseudos-experts et lancent leurs avis et conseils non sollicités de diète et d’exercices aux personnes grosses, bien que n’ayant aucune formation à cet effet… ?
Ce qui pose particulièrement problème dans ce type de situation, c’est que c’est la taille / le poids d’une personne qui déclenche ce processus mental. Ou plus spécifiquement le fait qu’on se «permette» de faire un tel exercice À CAUSE de la taille / du poids d’une personne.
Si fréquent…
Au quotidien, les exemples confirmant ce phénomène pleuvent… malheureusement.
Note : ces exemples peuvent être particulièrement stigmatisants (ou triggering). On tenait à le signaler d’emblée, afin de permettre aux lectrices et lecteurs potentiellement à risque de pouvoir mettre fin à leur lecture.
Une personne grosse à mobilité réduite ?
Elle simule. Elle est paresseuse. Elle s’aide pas.
Une personne grosse habillée de façon provocante et/ou révélatrice ?
C’est vraiment pas flatteur, ça ne l’avantage pas.
Une personne grosse qui mange de la salade ou fait du sport ?
Ah, c’est touchant, elle «essaie». (De maigrir, de «bien» manger, de «se prendre en main», etc.)
Une grosse personne ose manger une poutine en public ?
Ben là. Pas étonnant qu’elle soit grosse.
Flagrant double-standard
La question se pose : une personne dite de taille «standard» ou «moyenne» susciterait-elle les mêmes réactions ? Sans y aller pour un «non» catégorique, on peut quand même conclure que les chances sont plus que faibles que ce soit le cas.
On ne questionne jamais autant les habitudes de vie des personnes non-grosses. Il y a fort à parier que l’obligation de santé qu’on impose de différentes façons aux personnes grosses y est pour beaucoup.
Avant tout, ce qu’on doit remettre en question, c’est l’idée même qu’on a le droit de questionner ou de présumer des composante aussi personnelles de la vie et de la santé des inconnu(e)s.
Il peut être difficile de «désapprendre», de déprogrammer ces habitudes et comportements que l’on a toujours eus. Que l’on a appris, il y a si longtemps. Que l’on voit encore autour de soi. Il n’en demeure pas moins que c’est important de le faire. Car toutes ces généralisations sur les grosses personnes, en plus d’être fausses, contribuent à une stigmatisation négative des personnes grosses.
Simplement prendre le transport en commun est angoissant pour une grosse personne. Je ne peux pas m’asseoir sur un banc à plusieurs car je touche les gens à côté de moi. La frustration des gens est palpable, certains soupirent bruyamment et vont même changer de place. Je fais de la facilité plantaire alors parfois je demande a m’asseoir sur le banc pour handicapés quand mes pieds me font trop mal. Une adolescente m’a dit un jour: ça paraît que tu est tout le temps assise ça va te faire du bien de rester debout un peu.
Ça me prend tout mon courage pour ne serait-ce que m’asseoir en publique ou ne pas marcher a ma vitesse maximum, prendre les escaliers roulant. Juste sortir de chez moi me rend anxieuse a cause des micro aggressions quotidiennes. Je crois que les gens ne se rendent pas compte à quel point prendre de la place en publique est angoissant.