« Promotion de l’obésité » ?

Une personne – appelons-la Josée – fait un selfie après le gym. Elle est fière de son corps musclé et a des milliers d’abonnés sur Instagram qui la suivent, lui demande des conseils, la complimente…

Jusqu’à ce qu’un jour, on commence à lui faire des reproches. À la blâmer.

Le problème ?

En partageant des photos d’elle et de son corps musclé, on l’accuse de faire la promotion de l’usage de substances dangereuses et/ou illicites pour avoir une musculature plus importante…

Linda est choquée. On comprend pourquoi.


Une autre personne – appelons-le Pierre-Luc – marche tous les jours dans la rue et croise les mêmes personnes dans le bus en allant travailler. Roger porte du small car il est un type naturellement mince. Il n’a jamais vraiment rien fait pour être comme ça. La génétique, quoi…

Jusqu’à ce qu’un jour, on commence à lui faire des reproches. À le blâmer.

Le problème ?

En étant aussi mince, on l’accuse de faire la promotion de l’anorexie et des troubles alimentaires…

Pierre-Luc est choqué. On comprend pourquoi.


Ces mises en situations semblent ridicules, n’est-ce pas ?

Pourtant, ces exemples sont construits sur le même pattern que ce que l’on reproche régulièrement aux personnes grosses.

La fameuse « promotion de l’obésité ».

À qui reproche-t-on cela ?

Aux grosses personnes qui mènent une existence moindrement excitante – voire normale – mais qui n’inclurait pas le désir ou la tentative de perdre du poids, par exemple.

À celles et ceux qui portent des vêtements révélateurs de leur ventre, leurs bourrelets, leurs fesses ou leurs cuisses généreuses.

Ou encore aux gens qui refusent simplement de disparaître, d’être honteux. Parce que leur corps rend les autres mal à l’aise par leur différence du standard.


Sauf que…

Considère-t-on qu’une personne très mince fait l’apologie des troubles alimentaires ?

Dit-on qu’une personne musclée veut faire mousser l’usage des stéroïdes ?

La plupart répondront « non » à ces deux questions.

Une autre question se pose alors…

Pourquoi accuse-t-on alors les personnes grosses, menant une vie considérée normale pour les « non-gros(ses) », de faire la glorification de l’obésité ?


Le respect, tout simplement

Que l’on soit actif ou non dans la lutte à la grossophobie, s’afficher sans censure relève du « Respectez-moi comme je suis » plutôt que du « Devenez comme moi ».

Même si l’on considère qu’être gros(se) est le fruit d’un choix (ce n’est pas le cas) – , le fait d’avoir une musculature imposante peut aussi relever d’un choix.

Pourtant, la représentation des personnes grosses est considérée par certain(e)s comme un outrage. Et celle des personnes musclées comme une banalité. Voire une source d’inspiration.


La contribution des allié(e)s

Les personnes alliées à la cause de la lutte à la grossophobie peuvent aussi jouer un rôle de premier plan dans la déconstruction de ce message. En soutenant qu’un même comportement peut avoir des « connotations » différentes, selon la taille de la personne, les allié(e)s peuvent contribuer à défaire cette notion de « promotion de l’obésité ».

Par exemple : des personnes minces partagent des photos d’elles-mêmes avec une poutine et expliquent que leur « thin privilege » banalisent cette image. Qu’une grosse personne ne pourrait faire la même chose sans être pointée du doigt, soulignant du même coup le double standard.


La promotion de… la pluralité

Tel qu’expliqué dans « C’est quoi, la grossophobie ? », lobjectif est en fait la cohabitation proportionnelle des corps différents en taille et en silhouette, à l’image de la société.  Une cohabitation proportionnelle – et neutre – des corps différents.

Les personnes grosses luttant contre la discrimination et l’hostilité témoignées à leur endroit dénoncent le fait que leurs vies soient rendues plus difficiles / complexes à cause de la grossophobie. Elles réclament tout simplement que leur corps soit considéré comme neutre. Comme normal. Comme ayant la même « valeur », ni plus grande, ni moindre, que les autres types de corps.


 

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À propos de l'auteur(trice)

Edith Bernier

Fondatrice de Grossophobie.ca - Infos & référence, conférencière et consultante, elle lutte activement contre la grossophobie depuis 2017. Elle a écrit sur les préoccupations des femmes taille plus en voyage (sur La Backpackeuse taille plus) pendant 6 ans.

Readers Comments (2)

  1. J’adore lire tes textes! C’est tellement bon de lire ce genre de messages!! Merci

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